dimanche 23 juin 2013

Le lait de jument revient au galop
 
Remède, aliment ou cosmétique ? Produit préventif ou curatif ? Après une éclipse d¹un quart de siècle, le lait de jument refait surface.
Dans le Bitcherland, en plein coeur du parc naturel régional des Vosges, paissent une centaine de Haflingers, fringants petits chevaux alezans. Ce sont les juments du domaine de la Voie lactée, premier lactarium français de lait de jument bio.
En fondant il y a onze ans une ferme et un laboratoire, William Le Petit et sa fille Dominique renouaient avec une tradition ancienne. Au XIXe siècle, on faisait appel au lait de jument comme lait de substitution au lait maternel. Très digeste, il soignait aussi les adultes qui souffraient de cirrhoses, d¹ulcères de l¹estomac, de gastralgies, d¹entéralgies chroniques, de constipation, d¹affections diverses de la vésicule biliaire et du pancréas. En 1893, un certain Dr Lavocat rapporte d¹excellents résultats obtenus dans les diarrhées rebelles. On le conseillait dans les cas de tuberculose, de coqueluche, de bronchite chronique et d¹asthme. Vestiges de cette pratique, les laits d¹ânesse et de jument étaient encore donnés aux nouveau-nés de l¹hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Paris) et dans des maternités (Libourne, Le Mans...) jusqu¹au milieu des années cinquante. Mais c¹est après la Seconde Guerre mondiale, dans le nord et le centre de l¹Europe, que cette pratique renaît. Son efficacité était réputée contre les épidémies de grippe intestinale des tout-petits. L¹université de Charlottenbourg, à Berlin, le recommandait chez les prématurés. En Russie, plusieurs études scientifiques récentes (1982 et 1985) en montrent l¹intérêt. C¹est donc logiquement par l¹est que nous revint le lait de jument... Deux rencontres déterminèrent William Le Petit à se lancer dans l'aventure. En 1970, il visite en Forêt-Noire la jumenterie du Dr Storch, vétérinaire allemand qui avait découvert l¹utilisation du lait de jument pendant la guerre dans le Kazakhstan (ex-URSS). Il se rend peu après dans le Caucase pour visiter une jumenterie productrice de lait destiné aux sanatoriums. Dans les deux cas, ses interlocuteurs étaient des personnes âgées pétillantes de santé qui affirmaient tenir leur forme d¹une consommation quotidienne de ce lait. Aussi William Le Petit décide-t-il de démarrer l'aventure de la Voie lactée... Très vite, la clientèle, de plus en plus nombreuse, se fidélise et un certain nombre de médecins intègrent le lait de jument dans leur traitement. Il est encore trop tôt pour en tirer les conclusions, mais des études sont en cours tant du côté du CNRS que de l¹Inra et de l¹Inserm.
Lait de jument et lait humain
Ce qui frappe en tout premier lieu, c¹est la profonde affinité du lait de jument avec le lait humain. Le cheval et l¹homme sont des monogastriques, leur l¹appareil digestif est beaucoup moins développé que celui des ruminants (bovins, caprins, ovins...) qui, eux, ont une double digestion qui oxyde les acides gras polyinsaturés et les vitamines D. Chez la jument, la digestion restitue les acides gras non saturés et les vitamines du fourrage et de l¹herbe qui en sont riches. Autre cousinage, le lait humain et celui de la jument sont pauvres en caséines et riches en albumines, protéines qui lui assurent une grande stabilité et digestibilité. La teneur en protéines, plus faible que chez les ruminants, est équivalente à celle du lait humain. On retrouve la même ressemblance pour les glucides (le lactose contenu dans les deux laits se situe entre 55 et 65 % de la matière sèche totale) et pour les sels minéraux (5 %). S¹il n¹y a pas de différence quantitative entre ces deux laits en ce qui concerne les vitamines, le lait de jument se distingue par un taux important de vitamine C. Cette analyse de la composition physico-chimique du lait de jument explique ses indications traditionnelles (1).
Un produit digeste
Le lait de jument est une solution colloïdale parfaite, c¹est-à-dire un
mélange très stable de substances en solution ou en suspension qui ne coagule pas (et qui ne forme pas de crème comme le lait). Il se conserve bien et il est d¹autant plus digeste que sa caséine est formée de grosses cellules facilement attaquées par les enzymes digestives. Sa faible teneur en protéines (20 à 30 %) le rend intéressant pour les enfants de moins de 4 ans qui présentent des troubles prolongés du sommeil à cause de leur foie encore immature. Les reins des nourrissons profitent également de son faible taux en protéines et de ses sels minéraux. Le cru du Bitcherland est particulièrement riche en fer. Pour le Dr Sergi Rollan (1), les protéines du lait de jument sont peu allergènes. Cela est dû à la faiblesse de sa teneur en caséine et en bêta-lactoglobuline, une protéine qui est surtout abondante chez les ruminants. En revanche, le lait de jument est riche en alpha-lactalbumine, une protéine qui joue un rôle essentiel dans l¹assimilation du lactose et qui améliore la multiplication cellulaire. Elle est riche en cystine, un acide aminé qui agit au niveau du foie (favorisant la détoxification) et qui ralentit le vieillissement cellulaire.
On explique ainsi ses effets cicatrisants et protecteurs de la peau (psoriasis) et son action dans certaines maladies bronchiques (asthme). Un autre acide aminé qui le compose joue un rôle essentiel dans la migraine. Utilisé comme adjuvant dans les symptômes migraineux, le lait de jument aurait donné de bons résultats tant sur la crise elle-même que sur l¹espacement des crises. La carence en sérotonine peut aussi avoir pour effet une augmentation de l¹appétit, voire une boulimie de sucre. La prise de lait de jument corrigerait ce déséquilibre en régulant le métabolisme des hydrates de carbone.
Et bien d¹autres propriétés...
Avec le lysosyme, dont le lait de jument est deux fois plus riche que le lait humain (le lait de vache n¹en possède que des traces), nous sommes en présence d¹une enzyme qui est un agent anti-microbien puissant (antibactérien et antiviral). Cela explique les effets constatés du lait de jument sur les aphtes, les infections rhinopharyngées, les rhumes à écoulement et même la coqueluche. Pour son action de stimulation des défenses immunitaires, il pourrait être utilisé comme adjuvant avant vaccination, pendant une antibiothérapie et dans tous les cas de faiblesse des défenses (personnes âgées...). Le lait de jument permet aussi de diminuer la dose d¹insuline et a eu pour résultat un meilleur indice de glycémie. Chez des personnes âgées, on a constaté une meilleure tolérance au lait et une amélioration spectaculaire des symptômes de l¹ostéoporose. Le lactose du lait de jument augmente aussi l¹absorption dans l¹intestin du calcium présent dans ce lait sous forme colloïdale. Les tout-petits comme les personnes âgées profitent le plus de cet apport. Ainsi, dans certaines région d¹Asie centrale, le lait de jument est systématiquement donné à l¹enfant en période de croissance ainsi qu¹aux vieillards. La matière grasse, enfin, apporte également ses bienfaits au métabolisme. Elle contient une forte proportion d¹acides gras polyinsaturés dans une forme directement assimilable (car non oxydée). On connaît bien aujourd¹hui le rôle des acides gras essentiels (acides linoléiques et linoléniques) dans la formation du cerveau et des cellules nerveuses et en tant que précurseurs des prostaglandines, ces aliments énergétiques de nos cellules. Agissant ainsi au coeur du métabolisme, ce lait doit être de qualité. Naturellement, le lait de jument n¹est presque jamais porteur de germes pathogènes comme Salmonella ou Listeria. Après les trois premiers mois de tétée, une partie du lait de la jument est prélevée cinq fois par jour. Ce lait légèrement bleuâtre au goût de coco et de noisette est congelé à très basse température ou lyophilisé immédiatement après la collecte. Il est ensuite conditionné sous la forme d¹étuis de 125 et 250 ml de lait cryoprécipité, de gélules ou capsules de lait lyophilisé. Obtenu dans des conditions optimales, cet élixir précieux a un coût ­!
Une paille pour un remède et un adjuvant nutritionnel qui semble être un bon antidote aux carences de l¹alimentation moderne...
Roland Hatzenberger
(1) Nous nous fondons sur le travail effectué par le conseiller scientifique de la Voie lactée, le Dr Sergi Rollan, pharmacien, biologiste et nutritionniste.
 
Si vous trouvez que la cure est chère, sachez qu'une jument produit 2,5 litres de lait par jour pour une période de 30 jours en moyenne alors qu'une cache laitière produit en moyenne 28 litres par jour sur une période de 10 mois.

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